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Le Monde de Stefie
27 septembre 2006

A-mère-tume

Je ne tiens pas à exposer un mal être, un resentiment ou une amertume quelconque. Je veux juste raconter la vérité simple et nue. Celle d’une mère et de sa fille. Ma mère et sa fille unique…

Je me suis rendue compte que je parlais de gène par rapport à ma mère, sans exposer de détails car c’est ma vie privée. De plus en plus de mes amies sont mères, la majorité en âge de l’être. C’est aussi une mise en garde pour leur dire que certains mots qui peuvent paraître anodins arrivent à causer des cicatrices irréversibles.

Depuis le dàbut, personne ne lui a fait de cadeau. Mère célibataire à 25 ans, divorcée avec une fille d’à peine deux ans, c’est pas facile. Se remarier dans la foulée, puis divorcer encore après. Se rendre compte qu’on approche les 40 ans, et que votre fille est déjà une adolescente.

La jeune fille gâtée ne comprend pas tout de suite pourquoi tous ses univers, et tous ses repaires basculent. Celui qu’elle a appelé « Papa » est parti avec la mère de sa meilleure amie, c’est donc forcément de sa faute, du moins elle le pense. Alors maintenant ses amis elle s’en méfie, on ne l’y reprendra plus. En plus les amis de sa mère lui tournent aussi le dos peu à peu, ils ont choisi leurs camps. C’est aussi un signe… Les amis c’est pas gentils finalement.

Il y a ce père, ce géniteur, qu’elle voit régulièrement, mais il ne la considère pas réellement comme sa fille. Juste une enfant supplémentaire qui vient jouer avec ses filles un week end sur deux. Mais il doit partir pour son travail, 500 kms, c’est énorme, encore un repaire qui s’envole. Il fait quelques promesses… Promesses auxquelles je ne crois plus désormais.

Il y a cette famille disloquée, les incompréhensions, les rumeurs, les chuchottements. Les frères de ma mère qui prennent leurs distances. Les mots de trop.

Les larmes de la mère. La fille qui tente de réconforter. Le refus. La solitude.

La solitude amène l’ennui. La peur de l’amitié la force à se trouver un nouvel asile. Ce sera la nourriture.

La mère devant travailler tant et plus, la jeune fille se retrouve régulièrement en tête à tête avec le frigo. Elle se marginalise physiquement, et socialement. Elle se retrouve enlisée dans un cercle vicieux.

Pour la mère c’est un drâme. Sa fille grossit. Et les gros ne sont pas des gens intéressants. Pour la mère le physique est la seule chose qui compte.

Les premiers mots tombent, l’adolescente a 15 ans et les premières blessures s’installent

-          Ahlàlà, celle-là, c’est un calvaire de lui trouver des pantalons, rien ne lui va.

-          Tu ne peux pas porter de hauts moulants comme les jeunes de ton âge, tu dois cacher ton gros derrière.

Au lieu de la motiver à enjoliver sa vie et son physique la jeune fille plonge encore au plus profond de cet abîme.

A 17 ans elle vit les moments les plus durs.

- C’est normal que tu n’aies pas de copines, elles ne vont pas se trimbaler une grosse comme toi

- tu les sais les garçons ils préfèrent une fille mince pour faire envie aux copains

La mère s’est trouvée un homme, il travaille avec des gens en difficulté sociale, des « cas sociaux », cet été est le pire de tous. La fille redouble sa seconde, le pire c’est qu’elle va suivre un cursus technologique, la honte de la famille. Alors l’homme s’exprime devant toute la famille :

-          Regardez-là ! Avec la tête qu’elle a, elle ne trouvera jamais de travail !

Puisqu’il travaille dans ce domaine, il sait ce qu’il dit donc il a raison. Il ne faudrait pas que l’adolescente rate sa vie. Qu’elle finisse caissière ou femme de ménage. Pendant ces vacances, le géniteur appelle la mère :

-          Elle est bizarre, elle ne sort pas, n’a pas d’amis par ici, elle reste tout le temps seule, c’est pareil quand elle est chez elle ?

-          Oui… elle est toujours solitaire.

Alors les parents l’ont décidé (la seule décision prise ensemble en 18 ans), elle consultera un psychologue.

Quelques séances se déroulent et les mots sont toujours les mêmes, les phrases commencent de la même manière

-          Ma mère…. Ma mère… ma mère…

La psy décide d’avoir un entretien avec la mère… il est pas normal qu’elle reste le seul point de repaire de la fille pas à 18 ans. Quand elle en parle à sa mère, sa réaction tombe comme un couperet : « c’est pas MOI qui ai besoin d’un psy ! ». Là elle comprend, tant qu’elle restera sous l’emprise de sa mère rien n’ira jamais.

A 19 ans, elle décide prendre son envol. Profite de commencer des études pour prendre un studio. Elle n’aura pas la pension alimentaire que lui verse son géniteur, car la mère refuse. Il n’y aura que la bourse. L’indépendance a un prix qu’elle est prête à payer.

La situation ne changera pas loin de là. Elle n’a toujours pas connu d’homme à près de 20 ans, et sa mère lui dit : « Rassure-moi, tu n’es plus vierge ? »… Alors elle rassure sa mère. Si elle dit la vérité, elle lui répondra qu’elle est trop grosse, donc c’est normal.

Ses amis qui sortent avec elle, le font par pitié, et finiront par partir une fois les examens passés. Si elle le dit.

Sa grand-mère paternelle décède, le géniteur se déplace pour l’enterrement, accompagné de sa fille, la demi-sœur. La demi-sœur est sa cadette de 18 mois, elle a hérité du type italien de sa mère, de beaux yeux et des cheveux noirs, grande et fine. Le genre à faire tourner des têtes. Au retour la mère pose une question anodine en voiture ? « Pourquoi tu n’es pas mince comme ta demi-sœur ? Elle est si belle ta demi-sœur »

Au fil des mois, des années les réflexions continuent.

-          Tu vois ta copine elle a le ventre plat, elle.

-          Tant que tu ne perds pas de poids, tu ne correspondras jamais au profil d’une société.

-          Comment tu vas ma grosse ?

-          Ma fille a rebranché le câble, elle a une force de cheval celle-là, c’est normal. (ça c’était hier)

-          Hin ? Toi, du sport ? Je voudrais bien voir ça.

-          mon amie L. est partie à Kabul
- Pourquoi elle est partie et pas toi ?
- Parce qu’elle est américaine, ancienne de la Navy, qu’elle a proposé son volontariat en premier et que accessoirement elle est bien foutue
- Donc si tu pesais 20 kilos de moins, tu partirais.

-          Je sais pourquoi ton ami africain il t’aime bien ! Chez les noirs, être gros c’est signe de richesse !

-          Tu vois avec la petite Stef (fille de son compagnon), au moins je peux faire TOUS les magasins avec elle !

Il y a aussi c’est violences verbales, qui font mal. Comme ce samedi matin, réveillée par le téléphone, elle décroche et encore endormie se fait traiter de « pauvre fille » d’une manière tellement exécrable, qu’elle lui avait donné la nausée. La raison de cette insulte était causé par un message laissé sur le répondeur de la mère, la fille ne pouvait pas imprimer des documents importants le vendredi soir, car l’impimante avait décidé de faire grêve. Ce que la mère avait compris c’était que la fille avait dépensé tout son argent dans des futilités et qu’il ne pouvait même plus s’acheter une simple cartouche d’encre… L’argent était aussi une constante source de disputes.

La différence entre l’adolescente et la femme adulte qu’elle est devenue, c’est que la femme adulte se défend et lui répond. Elle se rend compte que plus elle s’éloigne d’elle, mieux elle se sent. La femme adulte s’est trouvée des amies fantastiques qui lui disent que sa mère avait tord, qu’elle lui a fait du mal. La femme adulte s’entoure, s’ouvre prend confiance en elle. Mais elle continue de craindre sa mère, trop possessive, trop jalouse, trop aigrie, qui croit tout savoir. Elle se demande ce que sera sa vie quand elle aura un mari, des enfants…

Je crois qu’il me faudra des nerfs d’acier.

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Commentaires
I
je suis d'accord avec l'avant derniere analyse.
J
pas grand chose à dire : condoléances, peut-être?
G
Les mères sont des animaux comme les autres. Je suis mère je le sais. Et s'il y a une autre chose que je sais, c'est que les mères n'ont pas toutes les réponses. Alors si ta Maman n'a pas la réponse et que tu veux absolument savoir, tout bête : adresse-toi à quelqu'un d'autre qui pourra t'aider : faut pas lui en vouloir pour ça. Par contre, qu'une mère fasse croire qu'elle sait tout, ça, c'est complètement grotesque. IL m'est arrivé plein de fois de répondre à mes enfants "Je ne sais pas" comme à d'autres personnes d'ailleurs ... Où est le mal. Mais zapper une question, c'est vraiment bidon, je suis d'accord !
C
moi ma mere quand j essaie de lui parler et meme quand je lui parle ,j ai comme l impression qu elle ne m entend pas elle ne reponds a mes questions et change de sujets j attends toujours les reponses alors ca me ronge
G
J'ai oublié de mettre un titre à mon commentaire, c'est grave ?<br /> Ben je dirais ... "Georgy ... épisode II".<br /> Je t'en supplie, ne m'engueule pas trop lundi ... la crampe est partie et ce soir, je me suis gavée de pâtes ... Ango m'a déjà secoué les puces ce matin, zhom s'y est mis aussi et Tico en a rajouté une couche ... Pitié ... pas de sermons lundi, d'accord ? <br /> je t'aime
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